mais d’une vie concentrée tout à la fois et magnifiée en sa
patrie cérébrale. Ce qui prescrit à tout artiste de fuir la copie
servile des visibilités et au poëte d’accepter la nécessité du
symbole. Par le symbole seulement cette intensité de vivre,
qu’aucune copie écrite n’atteindrait, peut être condensée et
suggérée. La Vérité vitale reste ainsi le but, l’aliment et la
gloire de l’Art ; mais non pas la Vérité immédiate de la
sincérité vulgaire d’un serment en justice, ou d’un reportage, ou
même d’une enquête passionnelle et psychologique.
La Joie de l’art n’est pas la gaieté. La Joie est grave,
s’harmonise avec toutes les manifestations de vivre ; et si elle en
interdisait quelqu’une, ce serait plutôt le rire que les larmes.
La Joie a des ailes, elle plane, — mais non sans laisser voir, ne
serait-ce que pour indiquer à quelles hauteurs elle atteignit, la
terre éternelle, loin sous ses ailes et belle elle-même de tout
l’espace reculé. La Joie vibre de la Lumière à la Vérité, lieu
commun de l’une et de l’autre, participant de toutes deux.
Enfin la Joie est idéalement humaine dans les conditions
spirituelles de l’humanité.
De la Femme dans l’Art ! Elle en est l’objet et le but. Elle
donne de l’essor à la Joie, à condition de pouvoir lui briser les
ailes, et la Joie ne voudrait pas la Femme autre qu’elle est,
s’applaudissant des formes qui laissent pleurer l’âme et de la
femelle qui laisse désirer l’ange. Sans oublier que l’âme de
l’ange transfigure souvent ces formes divinement animales, ce
beau vase où le rêve qui s’en désola boit le philtre qui le
console.
S’il est dans l’universel musée de l’Art, Poëte, un poëme, peintre, un tableau… qui comble absolument tout ton désir d’idéale beauté, croise tes bras : tu n’as rien à faire. L’artiste est celui pour qui toute grande œuvre de son art est une porte ouverte sur un inconnu, — non pas une borne.
Et c’est pourquoi ce livre-ci (qu’il était peut-être bon d’écrire pour des motifs, dirai-je, historiques), nous savons, toi et moi, à quels mystérieux balbutiements le réduirait le tête-à-tête, — et tout ce que je n’ai pas dit, qu’il ne fallait pas dire. Et tu