Page:Morice - La Littérature de tout à l’heure, 1889.djvu/350

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D’Archanges monstrueux et de Démons candides…
....................
La Reine répond : Seul le silence me touche
D’Elohim dont le cœur reste mystérieux…

Mais l’Elohim ne se dévoile pas, la Reine va mourir.

Grands découragements qui tombez des étoiles
Comme d’énormes voix d’ombre et de désaveu,
Voix froides qui chantez l’isolement de Dieu,
Vous triomphez : je ferme humblement mes paupières…

et elle s’éteint,

Seule dans son génie et dans sa mort.

Mais sa mort a détruit la vie même des indifférents, sa mort abîme le monde en Dieu :

Et des voix ont chanté que cette âme profonde,
La première depuis que les êtres sont nés,
Retourne à Dieu sans rien avoir voulu du monde.

Voici : par son exemple et sa mort entraînés,
Pris de son âpre ivresse, accablés de leur vide,
Sûrs du néant de leurs délires obstinés,

Les êtres ont compris que le monde stupide
Recommence toujours le même avortement
Et que vivre hors Dieu n’est qu’un long suicide.

Ils sentent que l’esprit de la nature ment
Et les trompe par les désirs qui les épreignent
Et tous ont faim et soif de l’engloutissement…
....................
Et la création sombre dans l’Absolu.