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Lisle, Verlaine, Villiers de l’Isle-Adam… Mais ses directions, multiples, avaient trop de jeu. C’était l’expression de plusieurs volontés qui s’apparentaient sans s’unir. Le succès prouva une fois de plus que le régime parlementaire en littérature est impossible : la vieille « république des lettres » n’a jamais été qu’une collection de petites et de grandes principautés. — La Vogue fut un charmant vide-tiroir, où déjà toutefois se posait une candidature personnelle. Là encore restent biendes traces jeunes. Peut-être la plus nette et la plus précieuse est celle de Jules Laforgue. — Mais il faut écarter le Scapin, essai d’un essai dégroupe, bien sincère et bien jeune, trop. — La Revue Wagnérienne est par excellence de ce temps. Elle aussi a vécu, mais elle s’était prescrit cette limite. Son nom indique le sens qu’elle a voulu, qu’elle a réalisé : non pas la vulgarisation mais la précision des doctrines esthétiques de Wagner. Par ce périodique très utile, dirigé très bien, avec un sentiment très net du vrai chemin, Édouard Dujardin et Téodor de Wyzewa ont pris un soin qui ne fut pas superflu[1]. —

  1. Tant cette génération, toute comme morcelée qu’elle soit, a le sens juste de ses directions, ce que quelques-uns faisaient pour Wagner, M. Jules Christophe le fait à lui seul pour Balzac. Balzac et Wagner, les centres lumineux, dans le passé, de tout l’Art nouveau ! Aujourd’hui encore, dans un journal de lettres, La Cravache, rédigé par des Jeunes de grand talent, M. Christophe, chaque semaine, copie quelques lignes de Balzac, pieusement.