« C’est laid. » Ce que M. Raffaelli dit des formes géométriques, « établies préventivement » et par là-même incapables de s’harmoniser avec l’infinie variété des tempéraments divers, je le dirais des systèmes scientifiques qui prétendent mesurer la beauté d’une œuvre d’art, parce que « l’art commence où commence la passion » et que c’est là, justement, que finit la géométrie.
Ces préoccupations scientifiques, ces promesses du savant au poëte de le préserver de toute
tiques toujours plus riches : elle doit fournir à la critique des moyens rapides de discerner la laideur souvent informulable, quoique sentie. — Je ne sais s’ils sont tout à fait inutiles, ces hésitations et ces essais que la science offre d’épargner à l’artiste, s’il n’y a pas de grands avantages même à se tromper, si la science apprise vaut l’expérience acquise, si d’ailleurs le sens naturel de l’artiste n’est pas plus sûr encore que toutes les démonstrations géométriques. Que M. Henry nous montre dans un tableau de Rembrandt une faute qu’il n’eût pas commise s’il eût connu les lois de l’Esthétique. — Resterait donc l’intérêt des ressources que cette Esthétique fournirait à la critique. Mais là encore, ainsi que l’a observé Émile Hennequin (Critique Scientifique), M. Henry ne peut faire que l’analyse de l’agrément des œuvres d’art plastiques et musicales « non de leur beauté, celle-ci étant faite autant, sinon plus, d’excitations disharmoniques que d’excitations harmoniques. Le terme esthétique et le terme normal n’ont rien de commun. » En d’autres mots, les moyens scientifiques sont excellents pour nous conduire à la connaissance des habitudes de la nature : mais le génie et son œuvre sont des exceptions et quoiqu’ils procèdent, eux aussi, suivant des lois naturelles, ils les réduisent aux lois de leur norme propre, lesquelles ne sont pas plus celles de la norme universelle que la perspective, comme synthétisée, du théâtre n’est celle de la nature.