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que et qui en aurait fait, entre les mains d’un de nos poètes, la glorieuse épopée que la France attend encore. » Et il demande qu’on accepte de lui ce livre — qu’il semble préférer dans son œuvre — « comme une de ces balustrades sculptées par quelque artiste plein de foi, et sur lesquelles les pèlerins s’appuient pour méditer la fin de l’homme, en contemplant le chœur d’une belle église. » Il y a, là, d’incontestables pressentiments d’un Absolu esthétique. Mais Balzac ne les avoue pas toujours. Son attitude préférée est d’un sociologue ; son programme est d’écrire l’histoire des mœurs[1], d’en « surprendre le sens caché » et de
- ↑ « Avec beaucoup de patience et de courage je réaliserais, sur la France au dix-neuvième siècle, ce livre que nous regrettons tous, que Rome, Athènes, Tyr, Memphis, la Perse, l’Inde ne nous ont malheureusement pas laissé sur leurs civilisations et qu’à l’instar de l’abbé Barthélémy, le courageux et patient Monteil avait essayé pour le Moyen-Âge, mais sous une forme peu attrayante. » Ce point de vue historique, très notoire aussi dans les prétentions des Rougon-Macquart, est à la fois secondaire, faux et dangereux. Secondaire et presque inutile, car qu’importe, en somme, la réalité historique des mœurs et la physionomie sociale d’une civilisation aux civilisations futures ? L’héritage des pensées et des images traverse les révolutions et importe seul : l’habit que portaient les hommes, morts depuis longtemps et dont la parole nous gouverne encore, ne peut solliciter qu’une curiosité oisive. Mais ce point de vue est faux car il n’est pas humain : il oblige celui qui s’y place à se supposer au lieu des hommes qui viendront dans deux cents ans. Pourtant rien n’est urgent et capital, que de vivre sincèrement sa vraie vie, sa vie contemporaine, et de faire le plus bellement fleurir en soi ses pensées d’homme de