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et sur son avenir : quoique mes conclusions personnelles fussent déjà prises, j’étais curieux de savoir comment, par les théories, les efforts de demain s’accorderaient avec les traditions d’hier et les œuvres d’aujourd’hui.

En particulier, j’adressai à M. Anatole France les questions que voici :

Que pensez-vous que doive être la littérature de demain, celle qui n’est qu’en germe encore dans les essais des jeunes gens de vingt à trente ans ? Où va-t-elle sous les influences contraires qui se partagent (idéalisme — positivisme, patriotisme esthétique et philosophique — lettres et doctrines étrangères, objectivisme — subjectivisme, doctrine de l’exception — triomphe de la démocratie, etc.) ? Est-ce un bien ou un mal, ce manque de groupement qui la caractérise ? N’y-a-t-il pas une scission profonde entre les traditions dont la littérature a vécu jusqu’ici et les symptômes nouveaux qu’on pressent plutôt qu’on ne pourrait les définir ? Voyez-vous un bon ou un mauvais signe en cette maîtrise de tous les arts, y compris celui d’écrire, par la critique moderne ? Enfin, où est l’avenir ?

M. Anatole France me fit, dans le Temps du