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grands traits l’histoire de la littérature moderne pourrait se résumer de la sorte que voici :

À la grande différence des païens, pour qui la Forme, sans proscrire l’Idée, la primait, pour les modernes l’Idée, ou plutôt l’Âme Spirituelle, est l’objet principal de l’œuvre littéraire. Longtemps même, et c’est notre littérature classique, on ne sut voir que l’Âme. Cette époque fut, chez nous, celle de la floraison de la raison pure et il est assez facile de la reconnaître sous sa livrée chrétienne, cette raison qui ne s’était pas abdiquée, bien qu’elle prit gloire à servir la messe, Ce fut l’apothèse longuement préparée par les dialecticiens scolastiques du moyen âge : les temps de la naïveté avaient été, ceux de la connaissance venaient, et les temps de la connaissance exaltaient les rigides lois d’une logique qui s’empruntait d’Aristote, à travers saint Thomas, pensant établir par les forces