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5 août dernier, une réponse du plus haut intérêt, mais où je ne trouvai pas la solution des problèmes littéraires que je lui soumettais, Ces problèmes eux-mêmes, il se défendait d’en être passionné ; avec un peu d’ironie — d’ailleurs d’excellent ton — il me traitait d’esthète :

Vous êtes esthète et vous voulez bien me croire esthète, C’est me flatter. Je vous avouerai, et mes lecteurs le savent, que j’ai peu de goût à disputer sur la nature du beau, Je n’ai qu’une confiance médiocre dans les formules métaphysiques. Je crois que nous ne saurons jamais exactement pourquoi une chose est belle.

Et puis venaient des sévérités :

Vous me demandez mon avis sur la jeune littérature. Je voudrais, en vous répondant, prononcer des paroles souriantes et de bon augure. Je voudrais détourner les présages de malheur. Je ne puis, et je suis contraint d’avouer que je n’attends rien de bon du prochain avenir.

Cet aveu me coûte. Car rien n’est doux comme d’aimer la jeunesse et d’en être aimé. C’est la ré-