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Tels étaient les agissements de ceux qui se montraient les plus fervents dans leur horreur pour le meurtre et l’illégalité. Excusera maintenant qui voudra l’acte inconsidéré d’une législature, sans juridiction aucune au Manitoba, agissant sous l’impulsion du moment et cédant au fanatisme d’un trop grand nombre de ses membres. Comment Riel et les métis français s’en vengèrent-ils ? En sauvant pour la Couronne britannique le Manitoba et, implicitement, tout le Nord-Ouest canadien ! Comme cette assertion peut paraître voisine du paradoxe, il me faut entrer dans quelques détails à ce sujet.

Les États-Unis s’étaient acquis en 1867 les vastes possessions russes maintenant connues sous le nom d’Alaska. Leurs autorités étaient parfaitement au courant des mécontentements occasionnés à la Rivière-Rouge par les menées des Ontariens et autres, et il n’y aurait probablement pas de jugement téméraire à supposer qu’elles y avaient des représentants chargés de surveiller la situation et au besoin de la faire tourner à leur avantage. Les manœuvres qui aboutirent à l’accaparement de l’Orégon et du bassin de la Colombie au milieu du siècle dernier ne pouvaient-elles pas réussir aussi bien sur les bords de la rivière Rouge ?

Alors qu’on en calcule les conséquences. Au lieu d’un territoire perdu à douze cents milles des États-Unis, le cabinet de Washington eût eu sous sa domination la plus grande partie de l’Amérique anglaise, formant un tout compact et, partant, de désintégration difficile. Cette immense contrée, composée de ce qui est aujourd’hui le Manitoba, la Saskatchewan, l’Alberta, le Yukon et le Mackenzie, n’eût fait qu’un avec l’Alaska au point de vue politique, et la Colombie anglaise, qui n’était alors peuplée que de quelques centaines de blancs, eût dû bon gré mal gré se jeter dans les bras de l’Oncle Sam. Après cet arrangement, le Canada eût été limité aux anciennes provinces, c’est-à-dire au quart à peu près de ce qu’il est aujourd’hui.

Et pour qu’on ne suppose pas que mon imagination enfante des chimères, je renverrai le lecteur à un document, aussi peu connu que remarquable, de la législature de l’État américain contigu à l’Assiniboia. En date du 8 mars 1868, c’est-à-dire moins d’un an après l’acquisition de l’Alaska, la Chambre du Minnesota passait la résolution suivante :

Nous regrettons d’apprendre qu’il est question de transférer le territoire compris entre le Minnesota et l’Alaska au Dominion du Canada par un ordre