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Riel. Il disparut vite de la scène de sa gloire éphémère pour trouver un refuge aux États-Unis[1].


Comptons les inexactitudes et les calomnies dans ce passage d’un livre destiné à l’enfance.

1o La mère de Riel était une blanche et non une métisse, et son père n’était point un blanc mais un métis. Ce point, qui n’a rien à faire avec les susceptibilités nationales et les préjugés de sectaire, donne à lui seul la mesure du soin avec lequel on écrit pour les écoles publiques de l’ouest canadien.

2o L’ambition de Riel, sans être absolument un mythe, avait pourtant des bornes, puisqu’un auteur qui ne tarit pas de sarcasme à son endroit admet qu’il l’entendit déclarer qu’il « voulait garder le pouvoir seulement jusqu’à ce qu’il pût le remettre entre les mains d’un gouvernement régulier »[2].

3o Il y avait de sa part si peu de folie à résister à l’autorité du Dominion que cette résistance lui valut à peu près tout ce qu’il en désirait.

4o Alors même que Riel eut eu besoin de contrainte — et un homme de vingt-cinq ans doit toujours se trouver bien des conseils de plus âgé que lui — il n’est pas juste de dire qu’il n’y avait alors personne pour le retenir, puisque l’abbé Ritchot, le P. Lestanc et d’autres en qui il avait confiance se trouvaient à sa portée, et de fait l’aidèrent considérablement, surtout dans les premiers temps, par la modération de leurs conseils.

5o Donald Smith agit certainement pour le mieux et son intervention dans les affaires de la Rivière-Rouge ne fut pas sans résultats. Pourtant le rôle qu’il y joua a été diversement apprécié, et l’abbé G. Dugas, qui se trouvait alors sur les lieux, n’en semble pas enthousiaste[3].

6o Nous avons vu qu’il n’y eut jamais de rébellion à la Rivière-Rouge, et par conséquent,

7o L’exécution de Scott n’était pas un meurtre.

  1. The Story of the Canadian Peuple, pp. 350-51. Toronto, 1905.
  2. Gén. Butler, The Great Lone Land. p. 134.
  3. La mission accomplie par le troisième commissaire canadien, M. Smith, va tellement mettre le trouble dans toute la colonie en montant les esprits et en jetant des germes de division, même dans le parti de Riel, qu’on peut la regarder comme la première cause du triste événement qui a amené la mort de Scott. — (Hist. véridique, pp. 138-39).