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tante ; leur but : parut être d’empêcher M. McDougall d’entrer dans le territoire »[1].

On ne niera certes pas que, dans les circonstances, le gouverneur pouvait fort bien charger les métis français de s’opposer aux intrigues des étrangers. Quoi qu’en disent certains fanatiques, ces métis étaient en tous points dignes de pareille confiance. J’en ai pour garant un Allemand qui alla jusqu’à écrire dans une brochure officielle :

Ces métis sont civilisés. Étranger, j’ai vécu et demeuré au milieu d’eux, et toujours je les ai trouvés obligeants et hospitaliers, et je puis le dire à leur honneur, je n’en ai vu aucun aussi grossier et aussi méchant que quelques-uns de nos Canadiens [anglais]. Partout où ils ont des établissements, l’on voit des écoles et des églises, ainsi que je l’ai dit, et j’ai été informé par un officier du recensement qu’ils savaient presque tous lire et écrire[2].

Les Français, dit encore Begg, « sont un peuple naturellement ami de l’ordre…, nous le disons d’après notre propre connaissance des métis français »[3].

Comme tels, ils devaient préférer un gouvernement quelconque à l’anarchie, pourvu que ce gouvernement fût réel et ses mesures efficaces, et puisqu’ils étaient la partie de la population la plus menacée par les envahisseurs, il leur incombait de se mettre à la tête du mouvement de protestation d’abord, et d’aviser aux besoins du peuple, lorsque la maladroite proclamation de McDougall eut détruit tout vestige d’autorité à la Rivière-Rouge.



Il est vrai que McTavish parut au début s’opposer au soulèvement. Mais personne n’ignore qu’il jouait alors double jeu, puisque, en particulier, il appuyait les revendications des métis, et ne condamnait que pour la forme et devant certaines personnalités les mesures prises pour les faire prévaloir. Ce point n’est un secret pour aucun des pionniers du pays, et se trouve, du reste, pleinement confirmé par la déclaration d’O’Donoghue, un des membres les plus influents du gouvernement provisoire, dans une let-

  1. The Creation of Manitoba, p. 75.
  2. Relation d’un voyage à Manitoba, par J.-Y. Shantz, p. 15. Ottawa, 1873.
  3. Op. cit., p. 135.