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impérial en 1840 d’une foule de documents pour et contre la Compagnie, où nombre d’exagérations et d’inexactitudes condoient autant de négations et d’habiles plaidoyers.

Mais le branle était donné : l’agitation allait bientôt porter des fruits sur les lieux mêmes où elle s’était d’abord produite. C’étaient nos compatriotes qui allaient décider une question à propos de laquelle les bureaucrates de Londres et du fort Garry s’étaient contentés d’ergoter sans arriver à une conclusion. Quelques mots d’abord sur le personnage dont les métis se servirent pour atteindre leur but.

Dans le livre bleu gouvernemental où se trouvent consignées toutes les pièces afférentes à cette grande controverse, paraissent après le texte de la pétition française les noms de cinq métis, « membres d’un comité élu par le peuple » pour testifier de la spontanéité et de l’authenticité des signatures apposées à la dite pétition. L’un de ces cinq noms se lit « J.-Louis Rielle, » dans lequel mes lecteurs reconnaîtront facilement le père du célèbre tribun de 1869-70.

Les Riels descendent d’une famille française dans laquelle le besoin d’agir et de se remuer paraît héréditaire. Si elle avait droit à un blason, celui-ci ne pourrait avoir d’exergue plus approprié que le fameux dicton Vita in motu. Pour une raison ou pour une autre, le père du Riel qui fait souche au Canada, Jean-Baptiste de son nom de baptême, se lassa du sol français et alla tenter fortune à l’étranger. Dans ce but il passa en Irlande, où il épousa Louise Lafontaine, de la paroisse Saint-Pierre, diocèse de Limerick. Cette circonstance valut à quelques-uns de ses descendants le sobriquet de « L’Irlande. » Un autre surnom, Sansouci, qui passa également à sa postérité, est à lui seul toute une description de son tempérament.

Le fils de Jean-Baptiste Riel, l’Irlandais d’occasion, portait le même nom que son père. Renchérissant encore sur les exploits de celui-ci, il quitta la verte Érin pour les neiges du Canada, où il épousa, le 21 janvier 1704, Louise Cottu, de l’île Dupas. Son fils aîné était Jacques Riel, dit L’Irlande, qui, né en 1706, s’unit, à l’âge de 21 ans, avec Élisabeth de Gaune. De cette union naissait six ans plus tard (173.,) un fils qui prit le nom de son grand-père, et se maria le 25 janvier 1755 avec Charlotte Sylvestre, de Lavaltrie. Le Jean-Baptiste de la quatrième génération eut pour fils un enfant du même nom qui naquit à Lavaltrie, le 3 septembre 1757, et épousa Marie Collin en 1780. Leur fils, Jean-Bap-