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forme dans ce pays-là. C’est l’Église épiscopale d’Angleterre… qui a obtenu un succès remarquable en propageant des bénédictions dans le peuple un moyen de ses écoles et missions[1].


Le presbytérien Ross s’indigne à bon droit de cette déclaration, et remarque qu’elle est doublement fausse, puisque les prêtres catholiques ont précédé les ministres anglicans à la Rivière-Rouge, et qu’un catéchiste écossais baptisa les enfants et présida les prières des colons huit ans avant l’arrivée du premier prédicant venu d’Angleterre[2]. Mais si le ministère de M. Sutherland auquel Ross fait allusion peut être mis en ligne de compte, j’ajouterai qu’il a lui-même été devancé par les Canadiens du fort Gibraltar qui priaient et baptisaient depuis 1807. Quant aux écoles, c’est un fait hors de tout conteste que les catholiques furent encore les premiers à en établir, puisque celle de M. West ne datait que de la fin d’octobre 1820.

Le premier évêque catholique de la Rivière-Rouge fut toujours d’un zèle à toute épreuve pour l’enseignement du catéchisme et la multiplication des écoles dans la mesure de ses faibles ressources pécuniaires. Dès 1819 il manifestait à Mgr Plessis, son supérieur ecclésiastique, le désir d’avoir des Sœurs pour l’instruction des petites Canadiennes et métisses. En 1823 ses deux collégiens avaient déjà vu toute leur grammaire latine. Comme ils furent les premiers élèves de l’institution qui est devenue le florissant collège de Saint-Boniface, leurs noms méritent de passer à la postérité. L’un était métis et s’appelait Chénier ; l’autre était un Canadien du nom de Sénécal.

L’année suivante (1824), le fondateur de la mission de la Rivière-Rouge demande des livres de classe latins. Il mentionne le De Viris, Cornelius Nepos, Cicéron, Salluste, et Quinte-Curce, plus quatre dictionnaires latins-français et quatre français-latins, sans compter « des livres élémentaires et tous les objets pour les écoles[3]. »

Le passage suivant de sa vie par M. l’abbé G. Dugas, en dira long sur son zèle pour l’instruction.


Un trait remarquable de la vie de ce digne évêque missionnaire, ce fut son assiduité à faire le catéchisme tous les jours jusqu’à sa mort. Son zèle pour instruire les enfants ne se bornait pas aux heures de classe de l’école ; il

  1. The Journal of the Bishop of Montreal, pp. 156-57, de la seconde édition. Londres, 1849.
  2. The Red River Settlement, p. 278.
  3. Monseigneur Provencher, pp. 132-33.