déguisés en sauvages, qui leur donnèrent clairement à entendre qu’ils n’avaient guère de bonne volonté à attendre d’eux. En sorte que les pauvres étrangers qui, pour la plupart, ne comprenaient que le gaélique, furent obligés de se rendre à Pembina en compagnie de leurs futurs persécuteurs, qui perdirent pourtant leur arrogance au fur et à mesure qu’ils s’éloignaient de la résidence de leurs maîtres, preuve évidente que leur hostilité n’était que de commande.
C’était à l’automne de 1812. La bande d’Écossais pouvait compter 70 personnes, sous la conduite d’un catholique, le capitaine Miles Macdonell. Le second parti ne se composait que de 15 à 20 âmes, des Irlandais cette fois, qui arrivèrent juste un an après. Une troisième caravane atteignit la Rivière-Rouge le 22 juin 1814. Elle comprenait 93 Écossais.
Dès l’origine, Miles Macdonell avait été nommé gouverneur de l’Assiniboia, en sorte que le premier représentant de l’autorité civile sur le territoire qui est aujourd’hui le Manitoba fut un de nos coreligionnaires, comme l’avaient été le découvreur du pays et le premier ministre d’un culte qui l’ait jamais parcouru. Ces faits sont à enregistrer.
Quant à la Compagnie du Nord-Ouest, elle avait juré une guerre à mort à l’établissement d’une colonie dont l’influence sur la vie des indigènes ne pouvait que lui être nuisible. Elle la lui fit sans le moindre scrupule.
Il n’est que juste d’ajouter que le nouveau gouverneur, trop peu au courant de la position des bourgeois du Nord-Ouest dans un pays dont les mœurs ressemblaient si peu à celles de l’Écosse, manqua de tact et prit même certaines mesures qui étaient assez exaspérantes pour être considérées comme une déclaration de guerre. Dans un pays nouveau et complètement isolé du monde civilisé, ses colons avaient souffert de la faim, et comme d’autres étaient attendus, il lança, le 8 janvier 1814, une proclamation prohibant l’exportation de la viande de buffle et autres provisions, accaparant pour les siens, moyennant paiement à qui de droit, le surplus de ce qui était nécessaire aux différents forts de traite et aux voyageurs. On a blâmé cet acte d’autorité. Franchement, étant donné les circonstances, je ne vois pas en quoi il était répréhensible. Il fit saisir par la force ce qu’on ne voulait point lui livrer de bon gré, et la légalité de cette mesure dépend naturellement de celle de sa proclamation. Mais on dit qu’il fit plus. Il paraîtrait qu’il donna des ordres pour ce qu’on pourrait appeler