français, et en particulier de Louis Riel, à ce moment décisif dans les destinées de l’ouest canadien.
Ce document n’est rien moins que le compte rendu original, avec dates et détails authentiques, des assemblées tenues par les métis français en vue de s’organiser pour la défense du pays. Le tout est de la main de Riel et prouve à mon humble avis que ses compatriotes étaient fort capables de se gouverner et avaient dans la personne de leur chef-secrétaire un homme parfaitement au courant des us et coutumes parlementaires. Certains petits détails de cette pièce pourraient aussi être cités comme étant de nature à le disculper, au moins en ce qui regarde cette période de sa vie, de cet égoïsme vaniteux que lui ont prêté tant d’auteurs, même parmi les moins hostiles. En outre, comme ces pages déjà jaunies par l’âge confirment pleinement les avancées de mes correspondants sur lesquels j’ai basé une partie de mon dernier article, elles sont un garant de leur bonne foi sur d’autres points, puisqu’elles n’ont été trouvées qu’après la préparation de mon huitième essai.
Résumons d’abord les auteurs anglais, et confrontons-les avec les assertions de cette pièce dont personne ne récusera l’autorité. Begg donne clairement à entendre que les métis ne firent rien dans l’intérêt de leur pays en danger avant le 8 octobre 1871. Hill nous assure qu’ils n’attendaient que le succès des féniens pour se ranger sous leur drapeau, et Tuttle affirme qu’ils furent assez peu francs et montrèrent assez peu de respect pour le représentant de la Reine au milieu d’eux pour lui offrir leurs services alors seulement qu’ils savaient qu’on n’en avait plus besoin.
Quelques dates deviennent nécessaires pour comprendre la situation. Il est vrai que O’Donoghue et ses confédérés s’emparèrent du fort Pembina et furent eux-mêmes arrêtés dès le jeudi, 5 octobre 1871. Mais, ainsi que le gouverneur Archibald le déclara plus tard sous la foi du serment, 1o personne ne connaissait encore l’issue des projets féniens quand Riel offrit à l’autorité suprême du Manitoba le concours de ses compatriotes ; et 2o on s’attendait même alors à une attaque plus sérieuse du côté de Saint-Joseph, ce qui « causait une excitation intense dans toute la colonie. »
En essayant d’amoindrir l’importance de ces deux déclarations du gouverneur, l’historien Hill oublie que, en ce qui regarde la