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sance et du travail accompagnées de tableaux arithmétiques, les lois de l’échange et la théorie des rentes ; l’autre, d’économie appliquée, comprenant les règles de conduite relatives aux besoins et aux plaisirs et la réfutation de certaines idées relatives à l’éducation, au crédit et à la propriété.

Au début de son ouvrage, Gossen, qui n’était pas précisément modeste, — le titre prétentieux qu’il a donné à son livre l’indique suffisamment — commence par revendiquer, non sans quelques formes, il est vrai, une place à côté de Copernic, sous le prétexte que ses découvertes sont de nature à faire connaître aux hommes la voie où ils rencontreront le maximum de bonheur de même que les découvertes du célèbre astronome permirent de déterminer les chemins suivis par les corps célestes. Puis, après avoir posé en principe que la méthode mathématique est la seule rationnelle en économie politique, tout en promettant, par égard pour le lecteur, de ne recourir à l’emploi de l’analyse que dans les questions de minima et de maxima, il entre dans le vif de son sujet : l’étude du plaisir et de la peine en vue de la détermination des conditions permettant à chacun de réaliser la plus grande somme de satisfaction possible tout en étant susceptibles, d’après lui, d’assurer, par surcroît, le bonheur de la collectivité.

Gossen part de la loi naturelle de décroissance en fonction du temps du plaisir procuré pour une consommation donnée, et il infère de cette loi, dont il illustre l’exposé au moyen de graphiques, qu’un individu, qui n’a pas le temps d’épuiser plusieurs sources de jouissance, doit user de chacune d’elles dans une proportion telle que les grandeurs des diverses satisfactions réalisées au moment de l’arrêt soient égales entre elles. Il pose ensuite en principe que l’utilité — il dit la valeur d’usage (Werth) — d’un objet est mesurée par la