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y a d’ailleurs lieu de noter que, du fait de cette suppression, cette partie de l’œuvre de H. v. Mangoldt reste souvent ignorée, et c’est pour cette raison que nous avons pensé intéressant de la rappeler ici, d’autant plus que ce savant professeur de Gœttingen est bien connu par ailleurs pour ses travaux sur la théorie de la rente et « extensions », qui sont venus compléter dans une certaine mesure ceux de F.-B.-W. Hermann, dont nous aurions peut-être pu faire figurer également le nom parmi ceux des économistes mathématiciens, car, remarquons-le en passant, ce sont souvent des économistes mathématiciens — H. v. Thünen, H. v. Mangoldt, A. Marshall, L. Walras, V. Pareto, etc., — qui sont venus perfectionner cette théorie.

Nous terminerons notre liste des précurseurs avec le nom de Fleeming Jenkin, qui vient du reste la clôturer dignement. À la vérité, on ne doit guère de conceptions économiques nouvelles à cet éminent professeur d’« engineering » de l’université d’Edimbourg, car, sans s’en douter, il n’a, le plus souvent, que redécouvert les théories de A. Cournot ou de E.-J. Dupuit. C’est ainsi qu’il a repris en considération les variations de la demande et aussi celles de l’offre en fonction des prix et montré que « sur un marché donné, à un instant donné, le prix courant d’un produit est celui auquel les courbes d’offre et de demande se coupent » — dans un article sur les Trade Unions publié dans le numéro de mars 1868 de la North British Review, et dans un travail sur The graphic representation of the laws of supply and demand, and their application to labour figurant dans les Recess Studies éditées à Edimbourg en 1870 par A. Grant — et qu’il s’est trouvé inspiré des mêmes idées que E.-J. Dupuit[1]

  1. Cf. l’art. de M. F.-Y. Edgeworth dans le Dictionary of political economy de R.-H. Palgrave, vol. II, Londres, 1896, p. 473.