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L’ordre chronologique que nous suivons dans cette rapide revue nous amène à parler maintenant de Heinrich von Thünen, son Isolirte Staat in Beziehung auf Landwirthschaft und Nationalökonomie, oder Untersuchungen über den Einfluss, den die Getreidepreise, der Reichtum des Bodens und die Abgaben auf den Ackerbau ausüben ayant été publié à Hambourg en 1826[1]. Il convient toutefois de noter que ce n’est guère dans cette partie de l’œuvre de H. von Thünen, désignée sous le nom générique de l’État isolé, mais bien plutôt dans la seconde partie éditée en deux volumes[2] parus à Rostok en 1850 et 1863, sous le titre Der isolirte Staat…, Der naturgemässe Arbeitstohn und dessen Verhältniss zum Zinsfluss und zur Landrente, que l’on rencontre des applications des mathématiques à la solution de problèmes d’économie politique. Dans la première partie en effet, le savant agronome mecklembourgeois a étudié uniquement des questions d’économie rurale, tandis que dans la seconde il a voulu profiter de l’expérience qu’il avait acquise dans l’exploitation de son domaine de Tellow pour essayer d’élucider les diverses questions de salaire, d’intérêt et de rente qui étaient déjà à cette époque à l’ordre du jour des économistes. Or, c’est principalement dans ce dernier travail qu’il a jugé à propos de recourir à l’algèbre pour donner aux résultats de ses observations des formes synthétiques permettant d’en tirer des conclusions précises, telles que la fameuse loi d’après laquelle le salaire naturel serait la moyenne proportionnelle entre la valeur de ce qui est indispensable à l’ouvrier et celle de ce qu’il produit à l’aide du capital dans une exploitation considérable, le reste du

  1. Cet ouvrage, qui a eu une 2e édition (Rostock, 1842), a été traduit en français par J. Laverrière (Paris, 1851).
  2. Le premier a été traduit en français par M. Wolkoff (Paris, 1857).