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d’un marché isolé soumis au régime de la libre concurrence absolue, et ne comportant que deux ou trois marchandises :

« Il est facile de voir ce qui arriverait dans un échange entre les propriétaires isolés de deux marchandises, dont les besoins du superflu de l’un équivaudraient aux besoins du superflu de l’autre. Si l’on suppose, par exemple, que le superflu des premiers est une quantité a de mesures M d’une marchandise, et que celui des seconds est une quantité b de mesures M’ d’une autre ; ces choses ne pouvant être échangées que l’une contre l’autre, puisqu’on les suppose seules, la quantité a de mesures M équivaudra à la quantité b de mesures M’: ainsi on aura aM = bM’ et par conséquent M : M’:: 1/a : 1/b. La valeur de chaque mesure sera donc en raison inverse de la quantité qui en est exposée en échange. »

« Si au lieu de deux marchandises, on en suppose dans le commerce trois ou un plus grand nombre, il en sera de même pour la valeur générale des marchandises. Chaque mesure particulière sera égale à la somme des offres faites par les propriétaires des autres marchandises divisée par la quantité des mesures, ou, ce qui est la même chose, les valeurs des marchandises seront en raison directe de la somme des offres et en raison inverse de la quantité des mesures. Mais les offres étant composées de plusieurs marchandises hétérogènes, il n’est pas possible de déduire de l’égalité, ou de l’équation dont nous venons de parler, le rapport de deux marchandises particulières ; pour trouver le rapport des marchandises prises deux à deux, il faudrait former autant d’équations qu’il y a de marchandises ; le premier membre de ces équations contiendrait la quantité de marchandises, le second la somme des offres. »