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monnaie sur ce qu’il appelle la valeur externe de celle-ci, par opposition à sa valeur interne, c’est-à-dire à la valeur intrinsèque du métal qui la constitue[1].

Cette première tentative demeura, semble-t-il, longtemps isolée, et ce n’est que à partir de 1765 qu’apparurent les autres productions mathématico-économiques du xviiie siècle, d’ailleurs peu nombreuses, dont les principales sont celles de Cesare Beccaria, Henry Lloyd, A.-X. Isnard et Guglielmo Silio[2].

Cesare Beccaria, le célèbre auteur du Traité des délits et des peines, dans un article intitulé Tentativo analitico sui contrabbandi et publié dans le journal Il caffè[3], s’est préoccupé, à propos de l’établissement de droits de douane et de la contrebande consécutive, de déterminer analytiquement, avec des symboles algébriques, les risques courus tant par le fisc que par les contrebandiers, montrant par cet exemple que les mathématiques sont applicables à l’étude de toutes les questions, de quelque nature qu’elles soient, dont les données sont susceptibles d’accroissement ou de diminution.

Le major-général Henry Lloyd serait, d’après L. Cossa, l’auteur anonyme d’un Essay on the theory of money, publié à Londres en 1771, essai au sujet duquel W. St. Jevons s’exprime en ces termes : « Bien qu’il soit à peine ébauché et absurde en certaines de ses

  1. Le livre de G. Ceva a été analysé par F. Nicolini dans le numéro d’octobre 1878, du Giornale degli economisti, sous ce titre : Un antico economista matematico.
  2. Ce n’est guère qu’accidentellement que les autres auteurs de cette époque dont les noms sont cités, soit dans la bibliographie de W. St. Jevons (Cf. II, IV), soit dans l’Histoire des doctrines… [p. 5] de L. Cossa (part. I, ch. vi, § 4), ont fait appel aux mathématiques pour traiter des questions économiques.
  3. Vol. I., Brescia, 1765. Cet article est reproduit dans les Scrittori classici italiani di economia politica du baron Custodi, Partie moderne, vol. XII, Milan, 1804.