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Tout d’abord, par le seul fait de s’astreindre à poser les équations représentant les données des problèmes envisagés, au lieu de faire des raisonnements in vacuo, ils ont été tout naturellement amenés à établir irréfutablement l’inanité de toutes les théories des prix, des salaires, de la rente et de l’intérêt qui aboutissaient à de véritables cercles vicieux en visant à la détermination de chacun de ces éléments indépendamment les uns des autres (Voir I, 1, 3). Puis, une fois posées les équations représentant les conditions de l’équilibre économique sur un marché déterminé, équilibre dont ils ont, pour la première fois, distingué des positions de stabilité et des positions d’instabilité, ils en ont tiré diverses conclusions du plus grand intérêt, relatives aux lois de l’offre et de la demande établies dans toute leur généralité en faisant état des variations des prix et des quantités de tous les produits figurant sur le marché considéré, au lieu d’isoler les produits directement envisagés pour ne tenir compte que des variations du prix de chacun d’eux en fonction de sa propre quantité, comme avaient l’habitude de le faire leurs devanciers[1]. Enfin, ils ont projeté la lumière sur diverses questions dont la solution avait échappé à leurs prédécesseurs[2], questions parmi lesquelles nous citerons : la détermination des conditions du maximum d’utilité pour une collectivité (III, V, 5), la recherche

  1. Cf. V. Pareto, Manuel…[p. 143], ch. III, §§ 180 et s., 222 et s. App. §§ 52 et s., et Encyclopédie… [p. 149], §§ 32 et s.
  2. L’économie littéraire aurait même ignoré jusqu’à l’existence de certaines de ces questions, s’il faut en croire M. Pareto : « Il y a d’ailleurs des gens qui prétendent que « la méthode mathématique n’a jusqu’ici formulé aucune vérité nouvelle », et cela est vrai en un certain sens, parce que, pour l’ignorant, ce dont il n’a pas la moindre notion, ne peut être ni vrai ni nouveau. Quand on ne connaît même pas l’existence de certains problèmes, on n’éprouve certainement pas le besoin d’en avoir la solution ». (Manuel… [p. 143], ch. iii, §189.)