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mens de cas particuliers, les manifestations de lois générales.

§ 4. — La prétendue stérilité de l’emploi des mathématiques en économie politique.

Le suprême argument de tous ceux qui font le procès de l’emploi des mathématiques en économie politique, c’est que, en définitive, cet emploi serait demeuré stérile[1], et que a en tous cas il n’empêche pas les erreurs, comme le montrent les nombreuses critiques que les mathématiciens ont faites les uns aux autres »[2]. Aussi, allons-nous essayer maintenant de répondre au défi lancé naguère par Cairnes[3] à Jevons de produire des vérités économiques nouvelles, dont la découverte puisse être portée à l’actif des procédés mathématiques. Mais nous croyons devoir examiner tout d’abord la question des erreurs mises à la charge des économistes mathématiciens, parce qu’il est clair que si l’on en était réduit à considérer l’économie mathématique comme un tissu d’erreurs, cela couperait court à tout, comme l’aurait voulu M. Block[4].

Que les économistes mathématiciens puissent se tromper, c’est incontestable — errare humanum est — et nous ne contredirons certainement pas ceux qui

  1. Voir entre autres : Yves Guyot, La science économique, Paris, 1887, p. 8 ; J.-K. Ingram, Histoire… [p. 36], ch. v, p. 260 ; André Liesse, Dictionnaire d’économie politique, Paris, 1892, art. Méthode ; F. Simiand, Remarques sur l’économie mathématique en général, iv, dans l’Année sociologique, t. XI (1906-1909).
  2. M. Block, Les progrès… [p. 33], t. I, ch. i, div. iii.
  3. Le caractère… [p. 36], préf.
  4. Loc. cit.