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ajouter que la science moderne aurait laissé échapper ses plus belles conquêtes, si les physiciens du xixe siècle s’étaient butés à l’impossibilité de mesurer certaines quantités, des quantités d’électricité par exemple, d’autant plus que fréquemment — cela arrive constamment en optique — ce n’est qu’a posteriori que l’on parvient à mesurer certaines grandeurs demeurées provisoirement indéterminées. Mais en réalité cette question est désormais dépourvue d’intérêt, car les économistes mathématiciens sont arrivés à séparer complètement, comme nous le verrons par la suite, le domaine de l’économie politique de celui de l’hédonique, en ne faisant plus intervenir dans leurs théories que la seule notion de l’égalité (ou de l’inégalité) des utilités des biens ou des plaisirs procurés par leur consommation, ce qui supprime toute difficulté, car pour constater l’égalité de deux grandeurs point n’est besoin d’unité de mesure.


§ 3. — Les théories mathématico-économiques seraient des spéculations purement académiques.

Nous avons vu, dans le paragraphe précédent, que la complication des phénomènes économiques a paru à certains auteurs dénature à exclure l’emploi des procédés mathématiques, et il est en effet incontestable qu’on ne saurait tenir compte dans une étude mathématique des influences multiples qui s’exercent sur l’équilibre économique. Mais si d’innombrables éléments contribuent à donner aux phénomènes économiques les facies les plus variés, il n’en est en réalité qu’un petit nombre qui puissent être considérés comme des facteurs essentiels de la vie économique, les autres influant seulement sur les conditions dans lesquelles