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des procédés mathématiques sans qu’on ait jamais songé à le déplorer particulièrement. Et nous ajouterons que cette nécessité n’a pas même, ainsi qu’on a parfois affecté de le laisser croire, de conséquences fâcheuses au point de vue de la diffusion des connaissances économiques ou de leur utilisation pratique. Limitées aux cas où elles sont nécessaires, les applications des mathématiques à l’économie politique ne portent en effet que sur des questions purement scientifiques[1], dont l’intelligence des démonstrations n’est nullement indispensable tant au point de vue de la seule connaissance des faits qu’à celui de l’application des règles qui se dégagent de l’étude de ces faits, de même que l’étude de la mécanique céleste ne saurait être considérée comme la condition préalable de l’acquisition de connaissances cosmographiques, et que l’étude de la théorie de l’élasticité ne s’impose en aucune mesure à ceux qui veulent appliquer les règles de la résistance des matériaux, de telle sorte que pour être un bon « technicien », point n’est besoin d’être un mathématicien accompli.

Quant aux objections soulevées par les derniers, 1-eur examen va faire, conformément au programme que nous nous sommes fixé, l’objet de la suite de ce second chapitre de la première partie de notre travail.

§ 2. — Les mathématiques seraient inapplicables à l’économie politique parce qu’elle constitue une science morale.

De toutes les objections adressées à l’emploi des mathématiques en économie politique, la plus souvent

  1. {{lang|en|« Mathematical method is for higher économics », Irving Fisher, Mathematical investigations… [p. 136], App. III, § 4,