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ment scientifique, ni aucune application pratique ; c’est un pur jeu d’esprit, un ensemble de fictions en dehors de toute réalité et contraire à toute réalité. Cet exercice d’esprit ressemble à la recherche de martingales à la roulette de Monaco »[1].

Non seulement en effet il n’est rien de moins scientifique, de plus impertinent, dit M. Gide[2], que d’écarter l’emploi des mathématiques par la question préalable, mais encore on se demande quelles raisons intimes ont tracé leur ligne de conduite aux auteurs qui ont essayé de décourager, par un infranchissable Lasciate ogni speranza, ceux qui pourraient avoir des velléités de s’engager dans la voie nouvelle, à moins que ce ne soient les mêmes raisons que celles qui semblent avoir réduit tel auteur d’une histoire des doctrines à se faire sur l’économie mathématique l’opinion défavorable qu’il a pu trouver dans le Dictionnaire d’économie politique, ou tel autre auteur d’un ouvrage de références sur l’économie politique à étayer sa rancœur d’opinions anonymes ou de citations judicieusement choisies ne représentant qu’une partie de la pensée de ceux à qui ces citations sont empruntées.

Aux seconds, et ils sont nombreux[3], nous répondrons simplement que si l’économie politique est une science compliquée, c’est évidemment très regrettable, mais qu’elle partage cet inconvénient avec bien d’autres sciences telles que la mécanique, la physique et même la chimie, qui nécessitent également l’emploi

  1. Traité théorique et pratique d’économie politique, Paris, 1896, t. I, ch. iv.
  2. Revue d’économie politique, numéro de janvier 1903.
  3. Voir notamment Maurice Block, Les progrès de la science économique, 2e édit., Paris, 1897, t. I, ch. i, div. iii et E. Levasseur, De la méthode dans les sciences économiques dans la Revue bleue, numéros des 5 et 12 mars 1898.