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levé, dans son brillant avant-propos à la traduction française[1] de la Theory of political economy de W.-St. Jevons, a montré fort peu de sympathie pour les économistes mathématiciens. Il y a d’ailleurs lieu d’observer qu’en général les mathématiciens n’ont pas fait preuve dans leurs critiques d’une connaissance bien approfondie des œuvres qu’ils ont censurées, — ainsi que nous le verrons (III, I, 4) à propos des observations de Bertrand relatives à la théorie de l’échange de Walras[2] — ce qui tendrait assez à prouver qu’ils avaient simplement en vue de rejeter des théories qui ne les intéressaient pas. Aussi ces critiques n’ont-elles qu’une portée trop restreinte pour que nous nous arrêtions à les examiner dans ces considérations générales, qui n’ont du reste nullement pour objet d’essayer de faire rentrer l’économie politique dans le domaine des mathématiques appliquées, mais uniquement de montrer que les mathématiques ont un rôle à jouer dans les recherches économiques. C’est pourquoi nous allons passer immédiatement de l’autre côté du fossé, du côté des économistes, non cependant sans avoir mentionné — afin de ne pas laisser croire qu’en agissant ainsi nous désirons échapper à la vision impressionnante d’une condamnation à l’unanimité — que ce faisant nous laissons derrière nous des appréciations qui, pour être dues à des mathématiciens parmi lesquels nous nous plaisons à signaler un maître incontesté de l’analyse contemporaine, M. Émile Picard[3], et le savant

  1. Voir II, II, 2.
  2. Au sujet de l’avant-propos de M. Painlevé, voir : P. Bonin-segni, supplément au numéro du 11 juin 1909, de la Gazette de Lausanne, p. 2, 1re col. et P. Boven, Les Applications... [p. 22], ch. ii, p. 36 et ch. v, pp. 198 et 199.
  3. La science moderne et son état actuel, Paris, 1908, ch. i, div. vii.