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à en créer un entre les divers savants l’usage du latin auquel ils recouraient jadis dans leurs exposés scientifiques.

Mais, d’après ce que nous venons de voir, c’est uniquement la mutuelle dépendance des phénomènes qui nécessite l’usage des mathématiques en économie politique, et qui, par suite, en justifie pleinement l’emploi, car on ne comprendrait guère que l’on recourt sans nécessité, à moins que ce ne soit par « snobisme », à des procédés qui sont incontestablement moins faciles à mettre en œuvre que le simple bon sens[1]. Il y a donc un domaine qui appartient en propre à l’économie mathématique : celui de l’analyse de l’équilibre économique, c’est-à-dire de l’étude des rapports de mutuelle dépendance qui tendent à s’établir entre les différents facteurs de l’ordre économique, sous la pression des efforts de l’homme, et la recherche des principes généraux qui peuvent être dégagés de la connaissance de ces rapports. Et dès lors, si au lieu de vouloir enrôler sous un même étendard tous ceux qui ont fait peu ou prou appel aux mathématiques, on se contente de réunir les économistes qui ont apporté une contribution à l’analyse de l’équilibre économique, il devient possible d’en former un groupe homogène, constituant réellement une école mathématique, puisque exclusivement composé d’auteurs auxquels l’emploi des mathématiques a

  1. « On ne fait point seller son cheval pour passer du salon à la salle à manger » (R. de Montessus, Revue du mois, numéro de septembre 1906, p. 338). Il est bien entendu qu’il ne s’agit pas ici des graphiques, qui sont maintenant d’un usage courant dans toutes les sciences (bien que ces graphiques soient également employés pour établir une correspondance entre grandeurs non proportionnelles, c’est-à-dire dont les variations de l’une ne sont pas, du moins directement, la cause des variations de l’autre).