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veut aboutir à des conclusions qui ne s’écartent pas trop de la réalité.

Ainsi, dans l’étude des problèmes économiques généraux, de même que dans celle des mouvements du système solaire, — si parva licet componere magnis — on se trouve en présence de phénomènes qui réagissent les uns sur les autres sans qu’il soit possible d’attribuer une origine déterminée aux faits observés, de telle sorte qu’il ne s’agit nullement rerum cognoscere causas, mais bien plutôt, comme on l’a dit[1], rerum cognoscere nexus[2].

Eh bien ! la logique courante est absolument insuffisante pour analyser des rapports de mutuelle dépendance ; les seuls problèmes qu’elle permet d’étudier sont ceux où l’on ne se trouve en présence que de rapports de cause à effet. Là preuve en est dans toutes les conceptions erronées, du fait de la méconnaissance des liens de mutuelle dépendance, qui sont dues à de nombreux économistes qui avaient pourtant conscience de l’enchevêtrement des phénomènes qu’ils étudiaient. Si ces économistes n’ont pas hésité à considérer un simple rapport, la valeur (d’échange), comme une entité métaphysique dont ils puissent rechercher la cause, c’est qu’en présence de leur impuissance à montrer comment la valeur se trouve déterminée par l’ensemble des conditions de l’équilibre économique, ils se sont résolus à en indiquer l’origine apparente, le plus souvent par simple application du principe : Post

  1. Akin Karoly, Solution nouvelle de deux questions fondamentales d’économie sociale, dans la Revue d’économie politique, numéro de juillet-août 1887.
  2. « Just as the motion of every body in the solar System affects and is affected by the motion of every other, so it is with the elements of the problem of political economy » (A. Marshall, Academy, numéro du 1er avril 1872).