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bonheur possible, étant données les circonstances dans lesquelles il se trouve placé. Sur un marché économique, il tend donc à s’établir un équilibre tel que chaque individu se trouve réaliser avec les moyens dont il dispose la plus grande satisfaction de ses désirs compatible avec la satisfaction équivalente, toutes choses égales d’ailleurs, des désirs des autres trafiquants.

Dès lors, il est évident qu’on ne saurait songer à extraire de l’ensemble des phénomènes qui se produisent sur un marché économique tel fait particulier pour l’étudier plus aisément en faisant abstraction des faits concomitants. Il est clair, en effet, d’après ce que nous venons de dire, que ce fait dépend de toutes les circonstances qui influent sur la détermination de l’équilibre, de telle sorte qu’il n’y a pas lieu de tenter, en le considérant isolément, de lui découvrir des caractères absolus, indépendants des conditions générales qui régissent le marché considéré. C’est ainsi, par exemple, qu’il est tout aussi illusoire de rechercher la valeur « vraie » ou « normale » d’un objet indépendamment des frais de sa production et de son utilité, ou de prétendre fixer une fois pour toutes les proportions optima des facteurs de la production d’une marchandise déterminée, qu’il le serait d’espérer calculer la force susceptible d’immobiliser une poulie sans tenir compte des efforts subis par les deux brins de cette poulie, ou de vouloir déterminer les conditions de l’équilibre d’un système matériel sans se préoccuper des influences extérieures auxquelles il peut être soumis. En un mot, dans le monde économique de même que dans le monde physique, l’équilibre dépendant non pas des valeurs absolues des éléments qui y concourent, mais de leurs valeurs relatives, ces éléments ne sont déterminés qu’en fonction les uns des autres, d’où il résulte qu’il faut nécessairement les examiner en bloc si l’on