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élémentaires des divers biens envisagés. Or, cette ophélimité totale n’est pas autre chose que l’utilité totale de Jevons ou l’utilité effective de Walras, et les ophélimités élémentaires correspondent exactement aux utilités finales et aux raretés des mêmes auteurs. Nous retrouvons donc ainsi la fonction d’utilité tant critiquée, qui était à la base des travaux des premiers économistes mathématiciens, sous la forme d’une fonction-indice dont M. Pareto a réussi à faire abstraction dans toute son étude de l’équilibre économique, de telle sorte qu’il a pu dire de l’œuvre de ses prédécesseurs : « Il y a dans cette théorie quelque chose de superflu pour le but que nous nous proposons : la détermination de l’équilibre économique ; et ce quelque chose est précisément ce qu’il y a de douteux dans la théorie »[1][2].


§ 3. — Les liaisons économiques.

Nous venons de voir quelle est en dernière analyse pour chaque individu l’équation à laquelle doivent satisfaire les variables économiques, pour que cet individu ne cherche pas à modifier les valeurs prises par ces va-

  1. Encyclopédie, § 15.
  2. Avant d’en terminer avec ces considérations générales, il convient de noter qu’au lieu de laisser systématiquement de côté la notion de prix, comme nous l’avons fait jusqu’ici, il est possible au contraire de partir de cette notion pour établir la théorie de l’équilibre économique sur les bases adoptées par M. Pareto. On peut, par exemple, regarder l’équation d’une variété d’indifférence comme le résultat de l’élimination des prix entre des fonctions d’offre et des fonctions de demande, ou bien déduire une équation analogue à l’équation (4) de la considération des quantités de biens échangées à certains prix. Mais, bien que M. Barone se soit engagé avec succès dans cette voie (Cf. Il ministero della produzione nello stato collettivista, dans le Giornale degli economisti, numéros de septembre et d’octobre 1908), il ne semble pas qu’il soit très indiqué de la suivre en l’état actuel de la science.