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prement parler, les liens de mutuelle dépendance du système économique.

C’est ainsi également que dans le Manuel, au lieu de parler des phénomènes économiques des types concrets nécessairement un peu vagues : libre concurrence, monopoles, etc., M. Pareto considère les phénomènes de trois types abstraits à caractéristiques mathématiques rigoureusement déterminables. Si l’individu accepte les prix du marché en se laissant uniquement guider par ses goûts, on a le type 1 (libre concurrence). Si, au contraire, il cherche à modifier les conditions du marché, dans son intérêt ou dans tout autre but, on a le type II (monopole pouvant d’ailleurs être exercé par un groupement)[1]. Enfin, le type III « est celui auquel on arrive quand on veut organiser tout l’ensemble du phénomène économique, de telle sorte qu’il procure le maximum de bien-être à tous ceux qui y participent… Le type III correspond à l’organisation collectiviste de la société »[2]. Sous ces formes, les divers cas de monopole qui n’étaient abordés qu’accessoirement dans le Cours sont définitivement incorporés dans l’étude de l’équilibre économique au même titre que la libre concurrence.

Ajoutons que M. Pareto ne s’est pas borné à renouveler les dispositions d’ensemble de ses premiers travaux, il a aussi apporté sur certains points particuliers des modifications profondes, qui participent de la même tendance à généraliser en simplifiant. Dans ses derniers ouvrages, par exemple, il ne considère plus la notion de capital

  1. Les phénomènes du type II, sont ceux qui correspondent à l’exercice d’un monopole parce que la possibilité de modifier à leur profit les conditions d’un marché est évidemment réservée à ceux qui jouissent, par rapport aux autres individus, d’un avantage spécial, c’est-à-dire, d’un monopole.
  2. Manuel, ch. iii, § 49.