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modifiées, (si bien que le plaisir total procuré par plusieurs consommations peut être influencé par leur ordre[1]). Dans la même partie, après avoir montré mathématiquement la décroissance de la demande en fonction du prix, M. Pareto s’est de plus préoccupé des exceptions à cette décroissance provenant de l’existence de succédanés. Cette étude de la dépendance des consommations a d’ailleurs permis au professeur de Lausanne d’expliquer un phénomène qui semble a priori paradoxal : dans les années de famine, la demande du pain augmente au lieu de diminuer avec la cherté du prix. « Il semble », dit Malthus[2], « que l’on n’ait pas assez fait attention à une cause particulière de la cherté. Le prix du blé en temps de rareté dépend beaucoup moins du déficit réel que de l’espèce d’obstination avec laquelle on persiste à vouloir soutenir la consommation au même degré ». M. Pareto remarque[3] que cette prétendue obstination provient de ce que les classes pauvres sont peu à peu obligées, à mesure que les prix s’élèvent, de renoncer à certains aliments de qualité supérieure et de se contenter de pain, dont, par suite, la consommation augmente.

Dans cette première section du Cours, les démonstrations mathématiques ont une importance fondamentale, quoique, par suite des nécessités didactiques inhérentes à un cours destiné à des étudiants en droit, l’auteur ait dû les placer en notes. Dans la deuxième section (économie appliquée) l’emploi des mathématiques ne joue au contraire qu’un rôle très secondaire, sauf lorsque l’auteur traite de sujets particuliers tels que : la ques-

  1. C’est ainsi que dans un dîner, par exemple, il ne serait pas aussi agréable de commencer par le dessert et de terminer par le potage que de procéder dans l’ordre normal inverse.
  2. Essai sur le principe de population, l. III, ch. v.
  3. Cours, II, no  978, p. 338.