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où un individu ou une collectivité, jouissant à quelque titre que ce soit d’un monopole quelconque, — c’est-à-dire d’un avantage spécial sur les autres individus justifiant l’espoir du succès — s’efforce, en réglant son offre et sa demande, de dominer le phénomène économique pour modifier les prix dans son intérêt ou dans tout autre but, tout en faisant état des conditions du marché. Cette étude de l’équilibre économique, dans laquelle M. Pareto distingue des positions stables et des positions instables, se divise en deux parties : l’étude de l’échange correspondant aux transformations économiques, et l’étude de la production correspondant aux transformations matérielles (Cf. infra III, V, 3). Nous retrouvons ainsi les deux problèmes envisagés par Walras.

Bien que dans tout cet exposé, M. Pareto se soit, en général, placé dans les mêmes conditions restrictives que Walras, et qu’il ait admis les mêmes hypothèse simplificatrices, il a néanmoins introduit certaines conceptions nouvelles qui ont assuré une plus grande généralité à sa théorie cependant que l’emploi de l’analyse[1] permettait de lui donner une plus grande extension. C’est ainsi que prenant en considération, avec les professeurs Edgeworth et Irving Fisher (Cf., supra §§ 2 et 4) ce fait que l’ophélimité (utilité) procurée par la consommation d’une marchandise dépend fréquemment de la consommation d’autres marchandises, il a été amené à distinguer plusieurs espèces de dépendances : d’une part, celles qui correspondent à l’existence de succédanés, et, d’autre part, celles qui proviennent de ce que certains biens nous procurent plus de plaisir réunis que séparés, soit parce qu’ils se complètent, soit parce que par suite de leur réunion nos dispositions se trouvent

  1. Walras n’avait eu recours qu’à l’algèbre et à la géométrie analytique plane.