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ment choisie de ce produit peut servir d’unité d’utilité pour un individu donné à un instant donné. Cette unité peut être appelée un util ».

Par suite, en partant de ces définitions, il est facile de justifier, en précisant sa signification, la courbe de l’utilité de Jevons et par conséquent les œuvres de divers auteurs qui l’ont, plus ou moins directement, prise en considération. Et en fait, dans le cas de la libre concurrence, le seul dont il se soit occupé, M. Irving Fisher est parvenu à des équations qui sont essentiellement celles de Walras. Les seules différences fondamentales que l’on constate entre elles proviennent de ce que le docteur Irving Fisher a constamment fait figurer dans ses relations l’utilité marginale considérée comme une fonction des quantités de produits, tandis que le professeur de Lausanne avait regardé la quantité de chaque produit comme une fonction du prix. — Notons en passant que ce fait « que des résultats similaires aient été obtenus séparément et par des voies différentes, constitue certainement un argument à faire entrer en ligne de compte pour ceux qui se montrent sceptiques au sujet de l’emploi de la méthode mathématique »[1]

Dans cette partie de ses Mathematical investigations, au lieu d’éclairer son exposé à l’aide de diagrammes, le professeur de Yale a préféré faire appel à des analogies mécaniques, parce que « ceux qui étudient l’économique sont naturellement portés à faire état de la mécanique plutôt que de la géométrie », et qu’ainsi « une illustration mécanique s’adapte plus parfaitement à leurs connaissances antérieures qu’une illustration graphique »[2]. C’est ainsi qu’il a non seulement imaginé, mais encore fait construire un appareil[3] qui

  1. Op. cit., préf., p. 4.
  2. Ibid., part. I, ch. ii, § 1.
  3. Dont le professeur Edgeworth semble avoir eu également l’idée