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chacun d’eux a recours participent de cette notion. On reconnaît, sous une forme légèrement différente, la critique que nous avons développée à propos de Walras, attendu que mesurer une quantité c’est précisément chercher un rapport : le rapport entre cette quantité et une autre choisie pour unité. En dernière analyse, c’est toujours la question de l’unité de plaisir qui se pose ; il s’agit de définir un étalon qui permette de mesurer le plaisir. Nous avons montré précédemment que cette question a été abordée par M. Edgeworth dans le cas où les intérêts d’individus différents sont simultanément en jeu, parce qu’alors il n’est pas possible de la passer sous silence, mais il est clair qu’il y a également lieu de lui donner une solution lorsque ne sont en jeu que les intérêts d’un seul individu, dès l’instant où — ce qui n’est nullement indispensable (III, V, 1) — l’on prend en considération des quantités de plaisir.

Nous avons vu à propos des Mathematical Psychics que la définition psychologique, proposée par le professeur d’Oxford, n’était pas de nature à donner satisfaction à M. Irving Fisher. Il y a en effet lieu de faire une distinction essentielle entre la psychologie et l’économie politique : tandis que la première de ces deux sciences étudie des sensations, la seconde a pour objet des phénomènes objectifs, d’où il résulte qu’elle comporte des définitions en relation avec des données positives. Aussi estimant que si Gossen et Jevons avaient considéré le calcul du plaisir et de la peine comme une partie fondamentale de leurs théories, c’est qu’ils n’avaient pas trouvé le moyen d’échapper à son emploi, le professeur de Yale s’est-il efforcé de débarrasser l’économie pure de toute considération subjective.

Il a commencé par poser ce postulatum conforme à l’hypothèse hédonistique : « Chaque individu agit sui-