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propos de donner d’indications bibliographiques sur les sources auxquelles ils ont puisé, sous le prétexte que si le lecteur est au courant des questions traitées, ces indications lui seraient superflues, et que si au contraire il n’est pas au courant, elles ne lui offriraient aucun renseignement qu’il ne puisse trouver dans tout livre d’étude détaillé. Dans tous les cas, en présence du développement considérable de leur ouvrage, on est tenté d’appliquer aux deux économistes autrichiens le reproche que M. Edgeworth adressa à un auteur qui avait pourtant le mérite d’apporter des innovations extrêmement importantes « It is true that we fin in him rather multum than multa ; that his principal achievement is the copious exposition of the one fondamental theorem we are referred [à savoir que la valeur d’échange est égale à la valeur d’usage de la dernière parcelle échangée] ». Or, d’une part, il est incontestable qu’il n’est pas dénué de danger de multiplier sans nécessité les développements mathématiques car, selon l’heureuse comparaison du professeur d’Oxford, ce mode de culture de la science, au lieu de favoriser la croissance des fruits de la vérité économique, a plutôt pour effet de fournir, à leurs dépens, un exubérant feuillage mathématique susceptible de les masquer, le cas échéant. D’autre part, il est fort à craindre que des applications trop laborieuses de la méthode mathématique ne soient préjudiciables à son emploi en économie politique, du fait qu’elles peuvent jeter le doute dans l’esprit de ceux à qui ce mode de raisonnement n’est pas familier en leur donnant à penser que les économistes mathématiciens ont pris pour devise : Odi profamum valgus et arceo. Il suffit pour s’en convaincre de se reporter au grand traité de M. Paul Leroy-Beaulieu, dans lequel, après avoir systématiquement critiqué l’usage des mathématiques en économie politique, l’au-