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« Mais il est également vrai de dire que les désutilités des articles échangés sont égales. Si une toupie vaut dix billes, nous sommes autorisés à conclure que chaque enfant aime autant passer une demi-heure en pénitence que d’écrire deux cents lignes — coût de dix billes à raison de vingt lignes par bille ».

« Maintenant introduisons le principe de la division du travail, et supposons qu’il n’est pas permis à un même enfant d’apprendre à la fois le latin et le grec, mais qu’il a simplement la possibilité de choisir entre ces deux études. Cette hypothèse implique que les profits nets qui peuvent résulter de la production de vers grecs ou de vers latins dans chacun de ces départements de l’instruction sont équivalents. Supposons maintenant qu’une considération particulière ou un certain prestige ou quelque autre avantage qui ne résulte pas de l’échange direct des lignes écrites soit attaché à l’étude du grec. On pourra concevoir alors que vingt lignes de latin puissent avoir autant de valeur d’échange que cinquante lignes de grec, alors même qu’il serait beaucoup plus pénible pour un écolier d’avoir à écrire à la fin de sa tâche cinquante lignes de grec que vingt lignes de latin. En un mot, les avantages nets, les utilités totales de ces deux occupations qui consistent à écrire des vers latins ou des vers grecs sont égales. Mais les désutilités finales dans les deux départements de la production ne sont pas en général égales partout où prévaut la division du travail »[1].

Par suite, dans le cas de concurrence industrielle, pour évaluer l’avantage qu’un individu tire des transformations économiques auxquelles il se livre, il faut tenir compte de la désutilité de ses efforts, en d’autres

  1. La théorie mathématique de l’offre et de la demande, dans la Revue d’Économie politique, numéro de janvier 1891, pp. 26-27.