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Tandis que dans le cas de libre concurrence commerciale il n’y a pas lieu de se préoccuper des désutilités des quantités de produits qui entrent en jeu, parce qu’elles sont nécessairement égales aux utilités des produits reçus en échange, il n’en va pas de même dans le cas de la concurrence industrielle, où la désutilité d’un travail n’est nullement mesurée par l’utilité d’un service rendu.

Voici du reste, pour éclaircir ce point, la comparaison que M. Edgeworth a empruntée à M. Böhm-Bawerk[1] en la généralisant : « Pour figurer les conditions possibles de la vie industrielle, représentons-nous un maître d’école sévère qui, pour développer chez ses écoliers la patience et la persévérance, leur distribue certains cadeaux — par exemple des jouets et des bonbons — en récompense d’une certaine fatigue on d’une certaine souffrance endurée. Ainsi le « coût » d’une bille sera d’écrire vingt lignes, le coût d’une toupie sera de rester une demi-heure en pénitence ».

« Supposons que la pratique de l’échange se répande dans cette jeune population, en supposant d’ailleurs la libre concurrence : il s’établira nécessairement un certain équilibre des échanges de telle façon que la valeur de chaque article corresponde à son utilité finale. C’est-à-dire que si une toupie s’échange contre dix billes, on peut en conclure que chaque garçon estime sa toupie autant que la dernière dizaine de billes qu’il a envie d’acheter. Ainsi l’utilité finale peut être regardée comme le principe régulateur. »

  1. « Es kann ein Erzieher einem Knaben, um ihn gegen Weheleidigkeit abzuhärten, für die tapfere, freiwillige Erduldung von Schmerzen ein sehnlich begehrtes Spielzung ; in Aussicht stellen. So untergeordnet das Vorkommen solcher Falle auch sein mag, so wichtig ist es für die Theorie festzustellen, dass Arbeit und Arbeits-plage doch nicht der einzige Umstand ist, auf den sich… die Wertschätzung gründen kann. » (Konrad’s Jahrhuch, 1866, p. 43).