Page:Moret - L’emploi des mathématiques en économie politique.djvu/124

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tandis que le savant professeur de Lausanne s’est en général efforcé de présenter des synthèses d’ensemble du phénomène économique, M. Launhardt s’est au contraire arrêté à des analyses portant sur des points particuliers, analogues à celles que l’on rencontre constamment dans la science de l’ingénieur. Il est à cet égard un détail qui montre nettement que l’auteur de la Mathematische Begründung s’est fait une conception un peu étroite de l’emploi des mathématiques en économie politique : c’est la substitution d’équations particulières aux fonctions générales qu’on laisse figurer d’habitude dans les calculs d’analyse, l’adoption, par exemple, à l’instar de Gossen[1], de l’équation d’une parabole comme fonction d’utilité (ou de satisfaction), ce qui non seulement diminue la généralité des théories, mais surtout donne à ces théories une précision purement gratuite qui conduit parfois à des conclusions erronées.

Quoiqu’il en soit, après avoir, comme nous l’avons dit, montré de la même manière que Walras comment le prix d’équilibre se trouve déterminé dans le cas de l’échange de deux produits entre deux individus, M. Launhardt a poursuivi l’étude de l’échange en calculant le profit que les deux échangistes sont susceptibles de recueillir. Il a été ainsi amené tout d’abord à constater que le libre jeu de l’offre et de la demande assure à ce profit sa valeur maximum ; mais ensuite il s’est aperçu que le profit total correspondant à une opération donnée pouvait être accru par le fractionnement de cette opération (Wiederholler Tausch), aussi a-t-il conclu de ses

  1. Il revient, en effet, au même d’attribuer une loi linéaire aux variations du degré d’utilité ou une loi parabolique aux variations de l’utilité totale.