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travers lesquels le lecteur se trouve insensiblement conduit à envisager des abstractions qui, considérées de piano, auraient pu lui paraître aussi inextricables que dénuées de signification.

Voici, en effet, l’économie des Éléments d’économie politique pure de Walras.

Dans une première section, l’auteur commence par exposer sa conception de l’objet et des divisions de l’économie politique et sociale ; mais ce ne sont là que des considérations plus ou moins philosophiques sur lesquelles nous nous arrêterons d’autant moins que, dans sa constante préoccupation de préparer dans son économie pure la justification du système social qu’il entendait préconiser, le professeur de Lausanne a posé dans cette partie de son œuvre certains principes qui prêteraient à des confusions, si la belle ordonnance de ses idées positives ne venait remédier à ce qui pourrait sembler un peu confus dans l’exposé de ses conceptions métaphysiques.

C’est dans la seconde section que Walras entre dans son sujet proprement dit par l’exposition de sa théorie de l’échange de deux marchandises entre elles. Il a divisé la solution de cette question en deux parties. Évaluant le prix de chaque marchandise en prenant l’autre comme numéraire, il a commencé par montrer comment, étant donné deux marchandises, on peut déduire le prix « de l’une en l’autre » de la connaissance de leurs courbes de demande, puis il a établi que ces courbes de demande résultent elles-mêmes de l’utilité dé ces deux marchandises pour chacun des échangistes ainsi que de la quantité de chacune d’elles possédée par chacun des porteurs ; et il en a finalement conclu que « les prix d’équilibre sont égaux aux rapports des raretés [id est des degrés finaux d’utilité] »[1]. Cette conclusion est

  1. Éléments, 10e leç., § 100.