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« se maintient en équilibre entre les deux forces opposées comme la clé de voûte d’une arche »[1]. Cette conception indique évidemment une tendance à se préoccuper de la mutuelle dépendance économique que le professeur de Cambridge a d’ailleurs concouru, dans une certaine mesure, à mettre en évidence en insistant sur l’existence de produits complémentaires et de produits concurrents (Voir III, IV, 1) notamment dans son analyse de la demande et de l’offre conjointes et composites[2]. Mais, au demeurant, il ne nous semble pas que l’usage des graphiques auxquels a eu recours M. Marshall ait apporté une bien grande contribution à l’élaboration sur des bases scientifiques de la théorie envisagée. Dès l’instant en effet où l’on ne fait état dans l’étude de la demande et de l’offre que des variations des quantités demandées ou offertes en fonction des prix, sans se préoccuper des autres facteurs de l’équilibre économique — par exemple, des variations de l’utilité finale de la monnaie, que l’auteur des Principles s’est cru autorisé à considérer comme négligeables[3] — il est, a priori, à peu près évident qu’on ne peut guère aboutir à des résultats sensiblement différents dans l’ensemble de ceux que les économistes littéraires désignent sous le nom de lois de l’offre et de la demande. Et, en fait, ce n’est guère que dans l’explication de phénomènes particuliers, dont l’importance est d’ailleurs loin d’être négligeable, tels que la rente des consommateurs[4] on la

  1. Citation de M. Ch. Gide dans son Cours d’économie politique, 2e éd. (Paris, 1911), Not. Gén., ch. iii, sect. iv, § 2 note in fine.
  2. Principes, l. V, ch. vi.
  3. Ibid., l. III, ch. vi, sect. iv, § 2.
  4. La rente ou bénéfice des consommateurs (consumers’ surplus) est, comme l’on sait, le bénéfice subjectif représenté par la différences entre la dépense correspondant à l’acquisition d’une certaine quantité de marchandise au cours du marché et celle que les consommateurs seraient disposés à faire plutôt que de se priver de cette quantité de