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classiques dans lequel les graphiques qui figurent en bas des pages servent simplement à illustrer les idées exprimées dans un texte qui se suffit à lui-même, tandis que les « notes mathématiques » que l’on trouve à la fin de l’ouvrage n’ont pas, en général, d’autre objet que de présenter ces mêmes idées sous une forme plus synthétique ou plus compréhensive. Ces notes sont d’ailleurs de moins en moins étendues au fur et à mesure qu’augmente la complexité des matières discutées, conformément à la conception que M. Marshall s’est faite de l’emploi des mathématiques et qu’il a lui-même précisée en ces termes : « Les applications les plus heureuses des mathématiques à l’économie politique sont celles qui sont courtes et simples, qui emploient peu de symboles et qui visent à projeter un rayon lumineux sur quelque point de détail du vaste monde économique plutôt qu’à le représenter dans son infinie complexité »[1]. Dès lors, si important que soit cet ouvrage, devenu classique depuis longtemps, il est clair qu’il n’a guère contribué à la constitution du domaine de la science pure, dont l’objet est précisément de représenter sinon l’infinie complexité du monde économique, du moins l’interdépendance des phénomènes qui en fournit les rouages essentiels ; aussi n’en parlerons-nous que brièvement. C’est dans la théorie de la demande et de l’offre que M. Marshall a fait le plus large appel à l’emploi des graphiques. Pour traiter cette question, il a pris une position intermédiaire entre les anciens économistes anglais et Jevons : attribuant la détermination du prix aux actions simultanées du coût de production sur l’offre et de l’utilité finale sur la demande, il a admis que la valeur

  1. A. Marshall, Distribution and exchange dans l’Economie Journal, numéro de mars 1898, cité dans l’Histoire des doctrines… [p. 21] de Ch. Gide et Ch. Rist, l. V, ch. i, in fine.