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plus amples développements[1], s’est attaché à exposer le plus simplement possible. Car, il est important de le noter, pour juger en toute justice de son œuvre, l’économiste anglais était avant tout « désireux de convaincre d’autres économistes que leur science ne peut être étudiée de manière satisfaisante qu’en partant d’une base mathématique explicite »[2], et c’est uniquement cette base qu’il s’est proposé d’établir. Or, il a si bien réussi, grâce à sa « lucidité brillante et à son style séduisant » (A. Marshall), qu’il est considéré, ainsi que nous le disions au début, comme l’instaurateur de la théorie de l’utilité finale, sur laquelle reposa exclusivement jusqu’à ces derniers temps toute l’économie mathématique. Aussi, sans songer à lui faire grief des lacunes ou des inexactitudes qui ont pu se glisser dans certaines parties de son œuvre qu’il considérait comme accessoires, et dont, à l’occasion, il a reconnu lui-même l’imperfection, Jevons doit-il être considéré comme le fondateur effectif de l’économie pure, encore qu’il ait eu tendance à confondre le domaine de l’Économique avec celui de l’Hédonique[3], et qu’il se soit parfois montré enclin aux élubrations philosophiques et aux digressions pratiques.

§ 3. — Alfred Marshall.

Il est un autre économiste mathématicien anglais que sa grande situation dans le monde économiste contemporain ne nous permet pas de passer sous silence :

  1. L’accident qui mit, comme l’on sait, fin à ses jours prématurément l’empêcha de réaliser ce projet.
  2. Théorie, préf. de la 2e éd., p. 9.
  3. Cpr. l’article de M. Jean Lescure, Revue d’Économie politique, numéro de juin 1910.