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éléments dont ils peuvent dépendre, tels que : intensité, durée, etc. ; mais ce sont là des considérations qui se rattachent au domaine de la psychologie plutôt qu’à celui de l’économie politique. Enfin, il entre dans son sujet proprement dit par l’étude de l’utilité, montrant ainsi nettement qu’il entendait faire de cette théorie la pierre angulaire de toute son œuvre. Et c’est ainsi» qu’après de nouvelles considérations philosophiques sur les « lois des besoins humains », il arrive à sa « tâche principale » qui est « de montrer la nature exacte et les conditions de l’utilité »[1].

La théorie de l’utilité de Jevons repose entièrement, comme celle de Gossen, sur le principe de la décroissance de l’utilité d’un produit en fonction de sa quantité, décroissance corrélative à celle du plaisir en fonction de la durée d’une jouissance ; mais elle se distingue largement de celle de l’économiste prussien par la netteté qu’il a apportée dans son exposition. Or, de cette netteté il nous serait difficile de donner une idée même approximative sans faire appel sinon aux symboles du moins au langage mathématique. Aussi croyons-nous préférable de renvoyer intégralement l’exposé de la théorie de l’utilité de Jevons au début de la quatrième partie de ce travail, où cet exposé trouvera naturellement sa place étant donné que cette théorie constitue précisément la meilleure expression des principes dont la découverte a donné naissance à l’économie pure et qui sont restés à la base de cette science.

Quoi qu’il en soit, de sa théorie de l’utilité Jevons déduit directement celles de l’échange et du travail, i. e. de la production, qui constituent la partie la plus importante de son livre et forment à elles seules son système économique.

  1. Théorie, ch. iii p. 103.