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seulement il ne connaissait pas l’œuvre de Gossen, mais encore il ne pouvait lui être fait grief de son ignorance, car l’exemplaire de l’ouvrage de Gossen, dont nous avons eu l’occasion de signaler l’existence à la bibliothèque du Britisih Museum, n’a été acquis par cet établissement qu’en 1865. D’ailleurs, lors même qu’il eût sciemment repris les idées de Gossen, ce qui n’est pas le cas, Jevons n’en mériterait pas moins une grande partie de l’honneur de la découverte qu’on a coutume de lui attribuer, car il a apporté dans son exposé des qualités qui faisaient totalement défaut à Gossen : la clarté et la précision qu’il avait sans doute conservées de ses débuts comme chimiste à la monnaie de Sydney et qui caractérisent toutes ses œuvres. Et c’est précisément là ce qui explique, qu’au lieu de rester inconnu comme l’économiste allemand, il ait au contraire fait école, d’où il résulte clairement que son génie était plus réellement créateur que celui de son prédécesseur.

Dans ces conditions, il ne nous semble donc pas superflu d’indiquer les grandes lignes de la Theory of political economy.

Dans l’introduction de cet ouvrage, Jevons pose en principe que « l’Économique, si elle doit être une science, doit être une science mathématique », tout en s’attachant à faire ressortir la compatibilité de l’emploi des mathématiques avec l’économie politique. — Nous avons précédemment (I, I, 1) examiné cette question et indiqué les vues de Jevons à son endroit, nous n’avons donc pas à y revenir. — Puis il présente une théorie quantitative du plaisir et de la peine qu’il considère comme du plaisir négatif, en se préoccupant des divers

    Journal of the statistical society of London en juin 1866 (vol. XXIX) et sa traduction, par MM. Barrault et Alfassa, figure à la suite de celle de la Theory of political economy.