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le bout du banc libre, il aida Fernand à s’asseoir à côté d’elle.

— Mademoiselle, dit alors Fernand, que l’éventualité d’un tête à tête avec la jeune fille embarrassait singulièrement, il est bien entendu, n’est-ce pas, que je ne veux pas vous gêner en quoi que ce soit, et que ma présence ne vous empêchera pas de continuer votre lecture.

— Mais, monsieur, je vous en conjure ; croyez que, bien au contraire, je suis charmée de cette rencontre, et que je renonce volontiers à ma lecture pour le plaisir de vous tenir quelques instants compagnie.

Alors, elle se mit à causer avec le jeune homme, le félicitant des progrès qu’il faisait vers la guérison, que le docteur annonçait comme prochaine, l’encourageant doucement à la résignation et à la patience. Fernand écoutait, ravi par la musique de cette charmante voix qui le berçait. Alors, quand Mlle Dubreuil, trouvant qu’elle s’était assez longtemps attardée, se leva pour partir, il lui dit :

— Merci, mademoiselle, j’aurai du courage, je serai patient. Mais je n’y aurai pas beaucoup de mérite, si j’ai le bonheur d’y être quelquefois engagé par vous.

Mlle Dubreuil avait écouté cela immobile et placée en face de Darcier ; elle le regardait de ses beaux yeux limpides et, pendant qu’il parlait, les sentiments les plus délicats et l’apitoiement le plus sincère se reflétaient sur son charmant visage.

— Vous me flattez, dit-elle ; mais je vous le pardonne et je vous promets de vous consoler souvent.