Page:Moressée - Un mariage à Mondorf, 1887.djvu/96

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 92 —

l’endroit préféré où je viens me reposer et rêver, et j’ai grand chagrin à la voir ainsi dévasté.

— Oh ! le mal ici n’est pas considérable, lui répondit M. Janrion : quelques ravins à combler, la pelouse à ratisser…

— Obligez-moi, Monsieur, en le faisant faire le plus tôt possible.

— Mais dès ce matin, mon cher Monsieur ; je vais en faire donner l’ordre par le régisseur.

Fernand remercia, ces messieurs saluèrent et continuèrent leur inspection. Le conseiller donna quelques renseignements sur ce malade auquel il venait de parler : il était atteint d’une maladie fort grave, une maladie de poitrine que tous les médecins en France déclaraient incurable, et que le docteur Petit gardait l’espoir de guérir. Si cet espoir se réalisait, ce serait un véritable miracle, et cette cure serait un merveilleux certificat de la valeur des eaux de Mondorf et de l’habileté de son directeur médical….

On était venu prendre Fernand pour le ramener à l’hôtel. Quelques ouvriers vinrent remettre tout en ordre dans son retrait, relever les branchages abattus, nettoyer les gazons, ratisser l’allée. Après leur départ, il ne restait plus rien qui pût faire soupçonner les violences exercés là par le vent furieux de la veille. Comme ils venaient de partir, Raymonde et Marcelle, qui se promenaient depuis le matin, intéressés par le désarroi de l’administration, dirigèrent leurs pas de ce côté et, sollicitées par le charme de l’ombrage qui régnait là, s’y assirent sur le banc.

— Qu’on est bien, ici, dit Marcelle. C’est la première fois que j’y viens ; je crois même n’avoir