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cées dans le sable. Puis ils crièrent merci ! à leur tour. Mais Guy continua son air et ils dansèrent jusqu’à ce qu’ils se fussent ensevelis jusqu’à mi-corps. — Et ils redemandèrent merci ! Mais le moine continua, et ils s’ensevelirent, étouffés dans le sable, à l’exception de quelques-uns dont le repentir était sincère et à qui il fut fait grâce. Les descendants de ceux-ci reçurent en héritage le mal terrible de cette danse, qui avait été le châtiment de leurs parents et qu’on appela la danse de Saint-Guy. Mais à chaque accès du mal, ils venaient se faire bénir par leur saint parent, qui vécut un siècle, et ils étaient guéris.

La fin de ce récit coïncidait avec l’entrée du clergé précédant la procession, dans la rue où étaient assis les Dubreuil. Un long défilé de prêtres, vêtus de surplis blancs, chantant à l’unisson les litanies du patron d’Echternach, s’écoula lentement, suivi d’un nombreux groupe de chanteurs dont les voix reproduisaient, comme un formidable écho, les paroles de la prière. Jusque-là rien d’extraordinaire.

Tout à coup une fanfare de la ville déboucha dans la rue, jouant la marche au rythme de laquelle toute la procession doit obéir. Derrière les musiciens, deux cents gamins, sans veste ni blouse, en manches de chemise, marquaient le rythme en sautant : trois pas en avant, deux pas en arrière, se donnant à peine le loisir d’éponger, du revers de la main, leurs fronts et leurs visages ruisselants de sueur. Le soleil était haut déjà dans le ciel et dardait ses rayons ardents sur les pèlerins, à peine protégés par l’ombre des maisons.

Au premier moment, M. Dubreuil et ses filles ne purent empêcher un sourire de plisser leurs lèvres : la procession leur faisait, à son apparition, l’impres-