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verte merveilleuse coïncida avec l’arrivée à Rome d’un ami de la famille de Guy, venant lui annoncer la mort de ses parents, qui lui avaient pardonné et laissé leur héritage. — Avec la permission de ses supérieurs, le moine revint à Echternach et y rapporta son instrument. Mais un triste sort l’attendait. À la nouvelle de son retour, ses proches, qui s’étaient déjà partagé l’héritage, résolurent de le faire mourir. Lorsque Guy posa le pied sur le seuil de la maison paternelle, des furieux se jetèrent sur lui, l’emprisonnèrent, et un jugement sommaire le condamna à mourir à la potence. — Le lendemain était le jour fixé pour l’exécution de la sentence. Le moine avait passé toute la nuit en prières. Le matin, comme on lui demandait s’il voulait que, selon la coutume, une faveur lui fût accordée, il demanda celle de pouvoir monter à la potence avec son instrument de musique et d’en jouer là un dernier morceau. On le lui accorda. — Debout contre le poteau du gibet, Guy se mit à jouer son adieu à la vie : l’air lugubre de cet adieu arracha des larmes à plus d’un assistant ; plusieurs même élevèrent la voix pour demander merci ! Mais les proches du condamné refusèrent brutalement. Alors, tout à coup, Guy changea le rythme de sa musique, et fit vibrer son instrument dans la cadence d’un air léger et joyeux. — Un miracle s’accomplit ainsi, par lequel Dieu voulait sauver son serviteur. Tandis que Guy continuait de jouer, ses proches, qui l’avaient condamné à mort, se mirent à danser, sautant sur place, tout le corps agité de frissons et de tremblements. Ils dansèrent et dansèrent jusqu’à l’heure de midi, où leurs jambes s’étaient presque tout entières enfon-