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tout ce qu’il savait. Il narra même tout au long une des nombreuses légendes accréditées dans le pays au sujet de la procession dansante.

— Je n’en garantis pas l’exactitude, dit-il en commençant, et je ne fais que vous répéter un récit qui m’a été fait par une vieille tante à moi, au temps de ma jeunesse.

Or donc il fut, dans un autre âge, une époque où la plus grande fortune d’Echternach se trouvait entre les mains d’une famille d’agriculteurs dont le fils aîné s’appelait Guy. — Malgré les pressantes instances de ses parents, Guy ne s’était jamais mis qu’à contre-cœur aux travaux des champs et il nourrissait la volonté formelle d’endosser le froc des moines de ce temps-là. Colères ni menaces ou promesses ne l’en firent démordre : un beau jour il prit le bâton de pèlerin, fit ses adieux à sa mère et partit pour Rome. — Il y devint moine, comme il l’avait voulu, mais ses souhaits cependant ne furent qu’à moitié exaucés : il avait souhaité courir le monde en prêchant l’Évangile, et l’ordre de son supérieur le retenait au couvent, chargé de guider les chœurs pendant les offices et d’enseigner la musique, pour laquelle il avait d’étonnantes dispositions. — Pour se consoler, il se mit opiniâtrement au travail, et consacra tout le temps que la prière n’absorbait pas, à la recherche d’un instrument de musique dont la conception avait germé dans sa cervelle, et dont il voulait doter le monde. Il le chercha durant trente ans sans relâche, et le découvrit enfin : une sorte de caisse allongée, sur laquelle des cordes étaient tendues et produisaient des sons harmonieux sous la pression d’un mince bâton qui les faisait vibrer. — Cette décou-